13-07-2025
« Sans le ski, on meurt, toute la vallée sera sinistrée » : clap de fin pour la station de l'Alpe du Grand Serre
Jamais une station de cette importance n'avait fermé dans les Alpes du nord françaises. L'Alpe du Grand Serre, créée il y a quatre-vingt-sept ans,
ne vivra pas un nouvel hiver
. La communauté de communes de la Matheysine, qui en avait la gestion depuis 2021, a voté le 10 juillet l'arrêt définitif de sa quinzaine de remontées mécaniques. « C'est un moment difficile pour tous. Une page de l'histoire de notre territoire se tourne », déclare Coraline Saurat (PS), sa présidente. Après avoir investi 3,4 millions d'euros dans la station, soit 10 % de son budget, l'intercommunalité a donc refusé la logique du « quoi qu'il en coûte » pour sauver le ski alpin, plombé par les déficits et le réchauffement.
Située sur la commune de La Morte (Isère) entre 1 300 et 2 200 m d'altitude, à 45 minutes de Grenoble,
l'Alpe du Grand Serre aurait déjà dû fermer l'hiver dernier,
mais l'appel aux dons et la forte mobilisation des habitants avaient permis d'obtenir un sursis. Malgré une bonne saison de ski, aucune solution viable n'a finalement émergé. L'État, un temps engagé pour en faire une station modèle de la sortie du « tout ski », a fait marche arrière. « L'idée que l'État est l'infirmier de toutes les difficultés économiques n'est pas tenable », affirmait François Bayrou fin juin, en marge d'un déplacement pour les JO d'hiver de 2030.
«
On met des millions dans les Jeux
et il ne reste plus rien pour les villages en difficulté », fustige Sylvie, une fidèle de l'Alpe du Grand Serre qui avait donné 100 euros à la cagnotte l'automne dernier.
« Sans le ski, on meurt. Toute la vallée sera sinistrée », s'inquiète de son côté
Cédric Fraux, moniteur de ski et éleveur de brebis,
dont 75 % des revenus viennent des cours de l'ESF. Près de 200 familles dépendraient de la station. Beaucoup craignent une désertification des villages environnants, avec fermeture des écoles, des commerces et des services de santé. L'association La Morte vivante veut continuer de croire à un avenir de la station, sans le ski, en développant d'autres activités « quatre saisons ». Un saut dans l'inconnu pour César Ghaouti, l'un de ses membres, qui regrette le manque d'anticipation des politiques : « Il n'y a pas de vision d'avenir pour l'après des territoires de montagne ».